J’adore les VNs de Key, c’est un fait acquis. Avec Rewrite, j’ai renoué avec une habitude que je pensais avoir perdue : passer plusieurs heures sans interruption devant un écran à lire un VN. Il faut dire qu’avec Otoboku, j’ai dû un peu lutter pour le terminer, avec des séances de lecture d’une trentaine de minutes en moyenne avant de fermer la fenêtre pour rebrancher mon cerveau. Je n’ai pas eu ce problème avec Rewrite ; par contre, j’ai eu beaucoup de mal à m’arrêter tant c’était captivant.
Je voudrais d’ailleurs remercier Amaterasu Translations pour leur travail toujours aussi sérieux dans la traduction de VNs, et pour m’avoir permis de lire une autre perle signée Key. Comme ses prédécesseurs, Rewrite vaut le coup. J’attends avec impatience la sortie du patch anglais pour le fandisc Rewrite Harvest festa!.
Dans cet article, j’ai fait du mieux que possible pour ne pas spoiler, quitte à être très vague sur certains points. Ainsi, il n’y a pas de risque de voir sa lecture méchamment gâchée par une révélation importante dans cette critique. Cependant, si vous avez vraiment peur, passez sans tarder à la conclusion.
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La ville de Kazamatsuri ne ressemble à aucune autre ville au Japon. Ayant fait l’objet d’un plan de boisement, la végétation occupe une place immense dans ce paysage urbain et en fait une véritable zone où cohabitent la nature et les hommes. Kotarou, actuellement lycéen, coule des jours paisibles comme n’importe quel habitant de Kazamatsuri. Cependant, des phénomènes paranormaux viennent bousculer son quotidien et le poussent à se renseigner auprès du club d’occultisme du lycée, qu’il finit par rejoindre avec Kotori, son amie d’enfance. Il était loin de se douter que derrière cette façade de havre de paix, cette ville à la pointe de l’écologie cache en réalité une sombre histoire.
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Kotarou Tennouji (doublé par Masakazu Morita) : Kotarou est un lycéen un peu trop surexcité qui n’a pas de difficulté pour sociabiliser. Son caractère frivole n’est pas au goût de tout le monde, mais il lui arrive d’être sérieux quand la situation l’exige. Loin d’être quelqu’un d’ordinaire, Kotarou a la particularité de pouvoir se concentrer pour s’octroyer une force considérable. Il vit seul vu que ses parents sont pratiquement toujours absents pour des motifs professionnels.
Avec Kotarou, le studio Key renoue avec le héros taquin mais ô combien stylé s’il le veut. Ça change du gros mollasson qu’est Riki de Little Busters!, qui a pas mal déçu à l’époque. Quand j’ai vu le design de Kotarou pour la première fois, j’étais très sceptique, il ne m’inspirait pas confiance. Il avait l’air si immature… Mais en fait, on s’aperçoit que cette image lui colle bien, et ça ne l’interdit pas d’avoir un côté badass. A part ça, je ne peux ajouter des détails sans spoiler son background, donc je vais me taire. En tout cas, sachez que j’approuve Kotarou *pouce levé*.
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Kotori Kanbe (doublée par Chiwa Saito) : Kotori est l’amie d’enfance de Kotarou. Elle manque souvent les cours et n’est pas très intégrée dans la classe. D’une nature malicieuse, Kotori a toujours une petite réplique drôle dans la poche. Son grand intérêt pour les plantes et les connaissances qu’elle possède à ce sujet en fait une jardinière hors pair.
Dès le début, j’ai accroché au personnage de Kotori. A mes yeux, il est inconcevable de ne pas l’apprécier tant elle est attachante. Elle est terriblement marrante et mignonne à croquer. Au départ, j’étais un peu perplexe à propos de sa voix (donc celle de la doubleuse), que je trouvais trop grave par rapport à ce que j’imaginais avec sa seule image. Mais au bout du compte, cette voix un peu spéciale colle parfaitement à notre jardinière. La malice de Kotori est magistralement rendue et sa manière de parler hilarante par moment (« Okay~ Shake it now, baby now~ »).
La route de Kotori est la première que j’ai lue. Même si on a le choix entre la route de Chihaya, Lucia et Kotori, il est préférable de commencer par celle-ci étant donné qu’elle n’entre pas dans les détails du conflit qui existe. Ça donne en gros un aperçu de la situation, sans toutefois l’approfondir. Honnêtement, mon avis sur la route de Kotori est aussi positif que mon avis sur l’héroïne elle-même. On ne croirait pas comme ça, mais l’atmosphère de cette branche est très intense, très oppressante. Le lecteur partage la solitude des protagonistes, presque douloureusement. Deux scènes en particulier m’ont beaucoup ému, j’en avais gros sur le cœur. On aurait fortement apprécié que la fin soit plus « directe », mais dans l’ensemble, la route reste vraiment bien. Parfait pour commencer.
Finir la route de Kotori débloque celle de Shizuru.
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Chihaya Ohtori (doublée par Saya Shinomiya) : Nouvellement transférée dans le lycée de Kotarou, Chihaya est une fille maladroite qui possède une incroyable force physique et une résistance à toute épreuve. Bien qu’elle essaie de paraitre normale aux yeux des autres élèves, son flagrant manque de discernement réduit ses efforts en poussière. Son mauvais sens de l’orientation et sa maladresse sont légendaires, au même titre que sa gourmandise. Curieusement, Chihaya porte un uniforme différent des autres.
Diantre, la stupidité et la naïveté de Chihaya ne peuvent être rivalisées par aucune autre dans Rewrite ! Ça en fait un personnage exaspérant à souhait, mais pas de manière négative vu que l’on se surprend à sourire. Son chara design m’a fait penser à un mix entre celui d’Ayu (les ailes de son cartable étant sur la tête de Chihaya) et de Makoto (pour ses cheveux orange et son attitude un poil hostile à l’égard du héros) dans Kanon. Personnellement, j’ai trouvé Chihaya plus creuse que Kotori et moins touchante.
D’ailleurs, sa route est la deuxième que j’ai approchée. Vous l’aurez compris maintenant, je présente les héroïnes dans l’ordre de lecture des routes que j’ai suivi, cet ordre étant ce qui m’a été conseillé pour aborder de manière optimale l’histoire. Celle de Chihaya présente plus activement le conflit que la branche de Kotori, où Kotarou sort de la neutralité pour intégrer un des deux camps. Elle est sympathique à suivre, très tournée vers l’action, et a le mérite de faire apprécier un personnage stylé guère sympathique au premier abord. Cependant, il y a des points qui rendent perplexes : les actes de certains antagonistes manquent de cohérence, le sort d’un personnage en particulier est trouble, et des interrogations propres à la route demeurent irrésolues. Sans compter un Deux Ex Machina très mal justifié vers la fin, qui m’a fait lever un sourcil. Dans l’ensemble, c’était bien, mais je m’attendais à mieux.
Finir la route de Chihaya débloque la route d’Akane.
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Shizuru Nakatsu (doublée par Keiko Suzuki) : Lycéenne de première année, Shizuru est chargée du maintien de l’ordre et de la morale au sein de l’établissement. Son cache-œil et sa petite taille la rendent facilement reconnaissable. Shizuru ne parle pas beaucoup, mais la richesse de ses expressions faciales pallie son silence. Elle s’entend particulièrement bien avec Kotarou malgré leur différence d’âge. Le poisson est son met favori.
Kyaa, Shizuru, kawaii ! Ouais, c’est la première réaction que j’ai eue quand on la voit pour la première fois. C’est un petit bout de chou qu’on aimerait tenir dans ses bras, surtout quand elle fait sa timide. C’est la loli du groupe, mais plus que ça, c’est Shizuru. Si vous n’avez pas encore compris que je l’adore, alors vous devez de sacrés problèmes de vue, hu hu.
Quant à la route de Shizuru, elle se décompose en plusieurs temps, avec une progression en flashback dans un premier temps et un déroulement plus normal après, avant de changer de procédé sur la fin. Ce qui ressort du scénario, c’est sa tournure dramatique pas vraiment ratée mais poussée à un niveau qui rend dubitatif. Il y a cette sensation d’avoir la main forcée par le scénariste. On peut aussi reprocher à la route le manque d’attention accordée aux problèmes personnels de Shizuru, l‘accent étant mis sur le conflit entre les deux principaux camps. Cependant, je ne dirais pas qu’elle a été malmenée par le scénariste, juste sous-exploitée car il y avait du potentiel. Heureusement, la romance occupe une place plus importante que les routes précédentes, ce qui n’est pas mal du tout (d’autant qu’il s’agit de la croquignolette Shizuru, bon sang !). Grosso modo, je placerais l’histoire de Shizuru sur le même niveau que celle de Chihaya.
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Lucia Konohana (doublée par Risa Asaki) : Lucia est la déléguée de la classe de Kotarou. Elle prend sa tâche très à cœur et n’hésite pas à employer la manière forte pour remettre de l’ordre là où elle passe, ou pour sanctionner le « pervers malgré lui » qu’est Kotarou. Comme elle ne quitte jamais ses gants blancs, une rumeur prétend qu’elle est une maniaque de la propreté et son attitude hostile envers les animaux et les fleurs n’arrange guère les choses. Sa résistance aux plats épicés est redoutable.
Cette chère Lucia m’a pris par le col dès sa première apparition dans Rewrite. Ses rencontres avec Kotarou sont totalement hilarantes, ce dernier déployant toute son énergie pour goûter au poing furieux de la déléguée. Cette tsundere a un chara design que je trouve génial, presque autant que celui de Kotori. D’ailleurs, cette comparaison ne s’arrête pas là dans la mesure où Lucia possède aussi une voix particulière : la puissance vocale de sa doubleuse explose tous les records dans les moments où notre héros s’apprête à subir sa punition, et on est simplement subjugué par ses cordes vocales d’acier (« Tennouji Kotaroooooooooooooooou ! ».
L’histoire de Lucia est très particulière. La première partie de la route est tellement différente des autres qu’on se demande si on est bien en train de lire le même VN. Cette ambiance mystérieuse avec un relent de malédiction m’a fortement rappelé Higurashi no Naku Koro ni, ce qui n’a rien d’étonnant quand on sait que Ryuukishi07 a planché sur le scénario. Le fort contraste par rapport au reste des routes est brutal, et j’admets avoir eu la frousse (même s’il ne me faut pas grand-chose pour me flanquer les jetons…). Par la suite, la seconde partie change de registre et rejoint le tableau esquissé par nos histoires précédentes. On retrouve enfin nos repères, bien que la morbidité demeure à portée de vue, si ce n’est plus près. Si je comprends que Lucia puisse laisser le lecteur indifférent durant les premières heures du VN, il me parait inimaginable que son avis ne change pas après toute une aventure avec elle. Enfin, je suis certain, et je déplore, que des exceptions existent. Pour ma part, Lucia est passée de « fille coincée et rigolote » à « hnnnnnnng, je vais saigner du nez ». Bref, je suis fan de sa route qui mélange rose bonbon et noir putride.
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Akane Senri (doublée par Eri Kitamura) : Présidente du club d’occultisme, Akane est une élève en troisième année qui n’assiste jamais aux cours et que ses camarades surnomment « la Sorcière ». Elle passe le plus clair de son temps dans la salle d’activité, qu’elle a transformée en espace personnel. Malgré sa place dans le club, Akane ne semble pas croire aux phénomènes surnaturels. Cynique et hautaine, Akane ne laisse personne lui dire quoi faire ni quoi penser. Apparemment, elle a tissé des relations avec des personnes influentes, lui donnant ainsi certains privilèges.
J’ai toujours lorgné Akane avec intérêt. Elle suscite le respect par son maintien adulte et son influence sur les personnes haut placées, mais en même temps, elle peut se comporter comme une gamine. Il y a une espèce d’aura autour d’elle qui suscite la curiosité. Akane est tout simplement fascinante, et c’était avec impatience que je voulais atterrir dans sa route.
Et je n’ai pas été déçu. Son scénario aborde plusieurs points très intéressants, notamment l’organisation interne d’un des deux camps et le regard des tiers à son égard, ainsi que les questions environnementales, lesquelles sont plus approfondies que dans les autres routes. L’histoire est plus mature, fait davantage réfléchir et sait maintenir une pression sur le lecteur. Le rôle de Kotarou gagne en étendue et atteint un degré d’héroïsme seulement effleuré dans les routes antérieures. Il est beaucoup moins passif et n’hésite pas à s’affirmer de manière virile dans le récit. Néanmoins, il est regrettable que, de mon point de vue, la route d’Akane n’éveille pas assez notre émotion. Peut-être est-ce dû à une romance moins intense que prévu entre Kotarou et Akane, ou bien à une écriture plus grave qui éclipse toute tendresse émouvante qui pourrait naitre. Toujours est-il que c’est une branche passionnante que j’ai appréciée, quoique mes préférées restent celles de Lucia et de Kotori.
Sachez qu’il est important de faire la route d’Akane en dernier, vu qu’il y a une certaine continuité entre elle et l’arc Moon.
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Si vous êtes un habitué des œuvres de Key, vous allez être étonné par Rewrite. Les codes habituels du nakige ne constituent qu’une infime partie du VN (la route de Kotori par exemple s’en rapproche, quoique pas totalement), ce qui rend difficile de le qualifier de nakige. En fait, si on regarde Rewrite dans son ensemble, on n’a pas le sentiment d’avoir lu un nakige comme le ferait normalement Key, avec la volonté principale de marquer émotionnellement et de faire pleurer, mais quelque chose de plus ambitieux, davantage axé sur la réflexion et la philosophie. Après, le considérer comme un nakige ou non n’a pas réellement d’importance, dans la mesure où ça n’a aucun impact sur l’appréciation de la lecture. Ceux qui sont venus frapper à la porte de Rewrite pour entendre des histoires émouvantes seront comblés, mais pas comme s’ils avaient lu Clannad ou Little Busters!. Cependant, il y a plus à gagner en lisant Rewrite que le fait de pleurer : la simple promesse d’une histoire marquante par sa beauté devrait suffire.
Bon, si nous en revenons au scénario ?
Rewrite est composé d’un tronc commun, de cinq routes, celles de Kotori, Chihaya, Shizuru, Lucia et Akane, et de deux arcs débloqués après avoir terminé toutes les routes, les arcs Moon et Terra (Terra apparaissant après la fin de Moon). La particularité de Rewrite est que son scénario est issu de la collaboration entre trois noms connus dans le milieu du VN, à savoir Romeo Tanaka (Kotori, Akane, Terra, Moon et le tronc commun) qui a travaillé pour les VNs Cross Channel, Yume Miru Kusuri et Family Project ; Yuuto Tonokawa (Chihaya et Shizuru), qui a écrit les routes de Komari et de Yuiko dans Little Busters! ; et Ryuukishi07 (Lucia), qu’on ne présente plus pour ses deux sound novels phares, Higurashi no Naku Koro ni et Umineko no Naku Koro ni.
Concernant le tronc commun, ça atteint le summum de l’hilarité ! Si on se contente de cette partie-là du VN, on a l’impression que Kotarou est une espèce de fusion entre Tomoya et Sunohara dans Clannad, l’un pour sa propension à faire des plaisanteries et son côté fouineur, l’autre pour sa stupidité et son aisance pour voler (ha ha). Franchement, je ne comprends pas ceux qui trouvent le tronc commun longuet et lassant. Il est bon, on découvre chaque personnage avec un grand sourire, la voix de Kotori fait marrer, Chihaya apporte le soleil avec sa maladresse, Shizuru est mignonne à en crever, Lucia envoie le lecteur dans la stratosphère et le pouvoir « politique » d’Akane est poilant. Avec ça, la rivalité de Kotarou avec Yoshino conduit ces deux-là à tomber dans des situations rocambolesques. Bref, l’humour est de mise, et pas de la mauvaise des manières.
En outre, le scénariste a fait attention à relancer l’intérêt par de petits coups de mystère. Le ton change du tout au tout quand les phénomènes étranges viennent secouer le train de vie de Kotarou. On ne sait pas ce qui se cache derrière la ville de Kazamatsuri et ces bizarreries inexplicables ne font que rappeler qu’on est seulement au début. Le côté surnaturel est sans aucun doute plus présent que dans les précédents Key. D’ailleurs, ce n’est pas le seul élément qui distingue nettement Rewrite des œuvres antérieures : en effet, l’aspect tranche de vie est amoindri et laisse place à une intrigue plus tournée vers l’action, avec des combats et des victimes sérieuses.
Le choix d’un thème axé sur l’environnement et les conséquences de l’activité humaine sur notre planète est de mon point de vue judicieux. C’est un thème qu’on nous rabâche à chaque occasion mais qui, à force, perd de sa valeur. Or, en incluant cette morale dans Rewrite, je n’ai trouvé ça lourd à aucun moment. Certes, il y a cet aspect accusateur tourné sans cesse vers l’humanité, mais le message grave que délivre Rewrite se fond dans le scénario sans maladresse.
Si on en revient à la lecture elle-même, quelques mauvaises transitions viennent un peu gâcher la lecture : les évènements se succèdent dans une journée sans un temps d’arrêt, alors qu’une petite transition entre chaque scène aurait atténué ce sentiment de précipitation malvenue.
Pour conclure sur le tronc commun, notons l’existence du système Mappie dans Rewrite qui permet au lecteur/joueur de naviguer sur une carte afin d’interagir avec les alentours.
Certains passages du VN impliquent que l’on découvre quelque chose sur la carte, ou bien que l’on parle à une personne déterminée. Ce système rappelant un mini jeu peut paraitre fastidieux dans un premier temps (et facultatif, vu qu’il est possible de les sauter rapidement pour continuer l’histoire), mais il est indispensable d’explorer les cartes au peigne fin si vous voulez débloquer la fin bonus, la « Oppai Ending ». Cela suppose l’accomplissement de toutes les quêtes annexes et l’obtention de tous les amis, ce qui est un travail colossal si vous n’avez pas un walkthrough à côté. Mais honnêtement, cette fin est à pisser de rire et en vaut largement le détour, donc faites-la ! Pensez à lire également les Bad End, ça vous servira pour débloquer cette fin bonus.
Concernant les routes, vous aurez pu lire mes avis dans la présentation de chaque personnage, donc je n’ai pas besoin de me répéter ici. Je me contenterai de dire ce que j’en pense globalement. Eh bien, la qualité n’est pas si inégale que ce que pourraient prétendre certaines personnes. En fait, ça dépend fortement des goûts puisque chaque route partage une expérience singulièrement différente des autres. La route de Kotori retranscrit douloureusement la solitude et se rapproche d’une histoire nakige, celle de Chihaya fait très shounen, celle de Shizuru est une romance douce amère, celle de Lucia est à la fois grave et mignonne, et celle d’Akane inspire la maturité. Selon votre sensibilité, vous serez plus convaincu par une route plutôt qu’une autre. Il y a néanmoins une tendance générale qui se dégage des lecteurs, mais je ne rentrerai pas dans les détails. Personnellement, je les ai tous aimés, bien qu’à des degrés divers : branche de Lucia en tête, suivie de la route de Kotori. Les trois autres sont également bien, mais juste un poil en dessous à mes yeux.
Concernant les arcs Moon et Terra, c’est une véritable claque dans la figure : Moon a beau être court, c’est un condensé de réflexion sur le monde et la vie, avec une fin qui serre le cœur ; Terra, sans trop spoiler, pourrait être appelé à juste titre la « route de Kotarou » et surpasse la branche d’Akane pour ce qui est de la maturité. Les implications ne sont pas évidentes et il faut réfléchir afin de pouvoir saisir l’essentiel de ce qu’il faut comprendre (tout comprendre parfaitement me parait extrêmement difficile, surtout quand on voit la fin…). Petit conseil dans l’Arc de Terra : vous comprendrez mieux le tronc commun quand vous aurez obtenu la Bad End. Bon, je ne poursuis pas cette partie, il serait dommage de vous gâcher ces deux arcs qui constituent la pierre angulaire de l’histoire. Sachez juste que ça vaut le coup d’arriver jusque-là.
En tout, il faudra compter presque soixante heures pour tout terminer, bonus inclus.
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Pour ce qui est de l’aspect visuel, on a l’éternelle Itaru Hinoue aux commandes. C’est un peu la mascotte de Key et sa marque de fabrique, aux côtés de Jun Maeda, bien que ce dernier n’ait pas directement écrit de scénario dans Rewrite. On peut dire du premier coup d’œil qu’elle s’est améliorée depuis Little Busters!, quoique ce ne soit pas encore parfait. Il y a plus de cent CGs, et ils sont globalement superbes. Les personnages masculins et les positions de profil pèchent un peu de temps à autre, mais ça reste potable.
Les monstres ont une certaine classe et sont bien réalisés. Ils m’ont beaucoup rappelé les créatures de Princess Waltz. Rien à dire de négatif concernant les divers backgrounds, ça pète.
Gros coup de cœur pour les uniformes féminins, avec des froufrous et des rubans partout. Les VNs de Key ont l’habitude d’inventer des uniformes atypiques (qui ne se souvient pas des uniformes jaunes dans Clannad ?), mais ceux de Rewrite sont carrément géniaux ! Oui, j’aime les froufrous et les rubans.
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Magnifique, tout simplement. J’ai toujours été ébloui par la musique des œuvres de Key ; d’ailleurs, j’adore repasser en boucle les opening d’Air, Kanon, Clannad, Little Busters!, Angel Beats!, et Rewrite et quelques pistes ça et là… Les pistes de Rewrite sont variées et adaptées au ton du passage en question. Comme toujours, les musiques tristes sont les plus belles : dans ce domaine, Scattered Flowers est incontournable. L’ambiance mystérieuse façonnée par Border of Illusion est incroyablement efficace pour donner des frissons. Et si vous avez pu écouter Song of Passage et CANOE, il m’est inutile de vous dire à quel point elles sont de toute beauté, en reprenant la mélodie magique de Journey.
Il ne faudrait pas omettre les deux openings du VN, Philozophys par Runa Mizutani et Rewrite par le groupe Psychic Lover. Le premier est un générique classique constitué d’images fixes tandis que le second, visible dans l’arc Moon, est animé. J’ai ma préférence pour Philozophys, mais le dernier opening décoiffe aussi
Au niveau du doublage, les performances de Chiwa Saito dans la peau de Kotori et de Risa Asaki en tant que Lucia sont clairement une plus-value. Mais je crois l’avoir déjà assez dit comme ça, hum…
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Si vous avez lu mon avis dans sa totalité, vous vous doutez bien que ma conclusion ne peut être que positive. C’est différent des autres Key : on y retrouve sans doute de l’humour et du drame, mais pas dans la volonté de faire pleurer. On veut plutôt mettre l’accent sur la réflexion, ce qui n’est pas très évident par moment.
Quand je ressors d’un Key, j’ai toujours cette impression d’avoir appris quelque chose, et avec Rewrite, c’est pareil. Il ne faut pas passer à côté du VN en se bouchant les oreilles et en marmottant : « c’est bon, faut protéger l’environnement, et bla bla, on le sait déjà, je veux pas qu’on me fasse la morale », car cantonner Rewrite à ce seul aspect serait stupide. C’est une aventure mémorable qui nous fait réfléchir sur l’activité humaine et notre environnement, et ce message vert, faute d’être subtil, n’est pas lourd.
Rewrite a des personnages attachants, des histoires accrocheuses, un bel univers graphique et des musiques sublimes. Bref, Rewrite, c’est magnifique.
12 commentaires
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mars 8, 2013 à 8:30
DL21
Je suis globalement d’accord avec ta critique, à l’exception de deux ou trois trucs, surtout au niveau des routes :p
Je vais donc tenter de répondre de façon constructive en évitant au maximum les spoils, comme tu l’as fait.
Bien que, comme tu l’as dit, le côté « réflexion » soit assez poussé dans Rewrite (en particulier sur la route Moon), j’aurais aimé qu’il soit plus développé dans les routes « normales », car c’était souvent le cas dans les Key précédents.
Bien évidemment, cela n’est qu’un point mineur, mais il y a d’autres points majeurs sur lesquels je ne suis pas d’accord (en particulier pour certaines de ces routes « normales »).
Par exemple, la route de Lucia, bien que j’adore son personnage et que son point culminant soit vraiment épique (j’attends une version animée de pied ferme, d’ailleurs), ne m’a pas satisfait et m’a d’ailleurs rendu assez impatient : en effet, on y voit que Kotarou ne parvient pas à atteindre la « réponse » qu’il faut donner alors qu’elle est incroyablement évidente dès que la question est posée (que ce soit pour le lecteur ou pour les personnages, d’ailleurs, cf Chihaya). Je veux dire, comment a-t-il pu ne pas trouver la bonne réponse alors qu’elle est JUSTE SOUS SES YEUX ?
Ayant dû « subir » un Kotarou très long à la détente (un niveau égalant sans nul doute Shirou de Fate/stay night, c’est dire), je m’attendais à une conclusion offrant des explications plus approfondies sur les phénomènes psychologiques qui ont engendré le fait qu’il soit totalement à côté de la plaque… et je ne les ai pas eues.
La route de Lucia m’a donc laissé un léger goût amer dans la bouche, et je regrette tout particulièrement que le côté romance ne soit que très peu développé, surtout avec ce personnage qui, il faut le dire, est irrésistible…
Autre chose qui m’a particulièrement fâché : la route de Shizuru, qui a vraiment du mal à trouver un bon rythme de narration. Déjà, à la transition entre la route commune et cette route, Yuuto Tonokawa, le scénariste, utilise un outil de narration particulièrement difficile à manipuler (tu sauras de quoi je parle). En faisant ça, non seulement il limite la quantité de scénario qu’il pourra développer, mais il gâche directement la surprise du lecteur. C’est un peu comme lire un roman policier en lisant la fin pour connaître le coupable directement, puis le lire du début, bien que cela attise la curiosité du lecteur vis-à-vis des procédés par lesquels on est arrivés à une telle situation, et non vis-à-vis de ce qui va se passer au vu des données qu’on a jusque-là.
De plus, tout le côté dramatique est mal tourné, surtout à cause des changements de rythme arbitraires que je trouve assez incompréhensibles… en lisant cette route, j’ai eu l’impression de lire un brouillon et pas un produit fini. Je ne parle même pas de la fin, qui certes, est particulièrement triste, mais qui choque également dans le mauvais sens du terme, tellement elle est amenée de façon maladroite (on en avait discuté sur Twitter aussi, me semble-t-il).
C’est particulièrement dommage, d’autant que, comme tu l’as dit, la route aurait pu se centrer sur la situation de Shizuru, et non le conflit entre les deux factions. On serait certes retourné à un scénario plus traditionnellement « nakige », mais je ne pense pas que ç’aurait été une mauvaise chose. Je t’avouerai aussi que j’ai préféré l’écriture de Yuuto Tonokawa dans la route de Chihaya (alors qu’objectivement, c’est une des moins bonnes).
D’ailleurs, je vais également parler de la route de Chihaya et te faire un second aveu : bien que d’ordinaire, je déteste du plus profond de moi les histoires à tendance shônen d’action, elle m’a bien plu (plus que la route de Shizuru, en tout cas). C’est évidemment grâce à ce qu’on apprend de ce personnage que tu cites dans ta critique… mais je ne vais pas en dire plus.
Enfin, concernant les routes finales, Moon et Terra, je les ai trouvées excellentes, mais j’ai tout de même quelques petits reproches à leur faire (attention, risque de spoil élevé) : leur manque de clarté sur le lien qu’elles ont avec les routes « normales », le manque d’explications sur les différences majeures avec ces mêmes routes, le manque d’explications concrètes sur le rôle que Kotarou joue par rapport à « son » organisation et enfin, le fait qu’une donnée essentielle concernant Kotarou reste particulièrement vague car elle change tout le temps et est sujette à de nombreux anachronismes. En clair, je reproche à ces routes de vouloir trop faire dans le côté « mystérieux » abstrait et de souffrir par conséquent d’un manque de concret.
Voilà voilà, c’est tout ce que j’avais à dire… je crois. Désolé pour le pavé :p
mars 8, 2013 à 9:12
Sylfer
Attention, spoils possible.
Disons que l’aspect « réflexion » est plus ou moins poussé selon les routes normales. Dans la route d’Akane par exemple, les conséquences que tu connais déjà soulèvent cette question avec une certaine insistance, alors que dans la route de Chihaya, on aurait dû mal à voir le spectre d’une réflexion. Mais oui, comparé aux deux arcs, ça demeure résiduel. Sans doute une volonté de ne pas trop accabler le lecteur avec cette morale dans les premières routes, afin de se frotter allègrement les mains après.
Ah, j’étais aussi en train de facepalmer durant la route de Lucia à cause de ce Kotarou carrément deux de tension… Je ne l’ai pas noté, mais c’était le cas aussi pour moi. Néanmoins, j’ai laissé passer ce détail vu que ça ne m’a pas autant énervé que dans ton cas (l’habitude, peut-être…). Bizarrement, j’ai trouvé que la romance était déjà très présente dans la route de Lucia, on a eu droit à des scènes particulièrement savoureuses (tu vois ce que je veux dire, hein), et cela me suffit largement.
Le scénariste de la route de Shizuru a tenté quelque chose d’assez ambitieux, et ce n’est pas parfait, je l’admets. Ta comparaison avec le roman policier est amusante, car c’est exactement ce qu’il en est des feuilletons de Columbo : d’abord, on voit le meurtrier et ensuite, l’épisode montre comment le policier découvre le coupable. Pourtant, on reste captivé par l’épisode, ce que j’ai toujours trouvé magique. C’est pareil dans le cas de Shizuru : je n’ai pas trouvé que ça gâchait la surprise du lecteur (d’autant que la narration redevient normale au bout d’un moment), juste que c’était insuffisamment exploité. Après, pour ce qui est des autres points que tu soulèves, inutile d’y revenir, tu étais déjà clair sur Twitter.
Le gros point noir de la route de Chihaya, c’est son manque de cohérence et l’horrible DexM de la fin. Ça a vraiment gâché la route, alors qu’elle était intéressante en elle-même (tu-sais-qui était horriblement stylé !).
Alors là, je suis tout à fait d’accord avec toi sur Moon et Terra. Je n’ai pas osé mettre ce que tu as dit vu que je ne tenais pas à spoiler ces deux arcs, mais je pense exactement pareil. Il faut vraiment lire les explications des autres lecteurs pour comprendre à peu près ce qu’il en est, ce que je trouve dommage. Cette donnée essentielle est livrée dans la partie « Amis » (si c’est bien ce dont tu parles), et malgré cela, elle reste floue… D’ailleurs, le sprite inchangé d’un certain personnage est encore plus bizarre. J’aurais aussi aimé que l’imbrication entre Terra et les routes principales soient plus visible, comme s’il y avait un déclic après qu’on a tout terminé.
Je te pardonne pour le pavé, le mien n’est pas mieux o/
mars 9, 2013 à 1:12
[Brève] Critique de Rewrite par Sylfer « VNdex
[…] Une critique du visual novel Rewrite du Studio Key (Kanon, Clannad, Little Busters) est disponible sur le site Durimu Dream. […]
avril 5, 2013 à 8:44
Zelloss
Et bien là Sylfer je te dis merci.
Je cherchais justement un VN, et je ne savais pas qu’un nouveau Key était disponible en anglais. Et si ça ne suffisait pas, ton article m’a convaincu, je cours le prendre de ce pas.
(Ahhh, retrouver du vrai Key design après le massacre de l’anime Little Buster…).
avril 5, 2013 à 12:59
Sylfer
Hé, je t’en prie ! Cela me fait plaisir de pouvoir mettre quelqu’un sur un VN que j’ai adoré.
J’espère vraiment que tu vas autant apprécier la lecture que moi.
PS : Pour une adaptation, j’ai vu largement pire…! L’anime de LB reste potable, pas comme celui de Da Capo III…
avril 5, 2013 à 5:45
Zelloss
Bah c’est surtout le choix d’abandonner le design propre à Key pour l’anime.
Air TV, Kanon, Clannad,… et out d’un coup changer pour un design plus classique, ça perd de son identité je trouve 🙂
Sinon téléchargement terminé, je commencerai sans doute ce soir ou demain ^^
avril 5, 2013 à 7:01
Sylfer
Je suis tout à fait d’accord avec toi. Je pense qu’ils n’ont pas voulu prendre de risque, vu que certains n’appréciaient pas le design d’Itaru Hinoue. Après, c’est au détriment de l’esprit graphique du VN… M’enfin bon, le point le plus important, c’est la manière dont va être exposée la révélations finale. Pas le droit à l’erreur !
Bonne lecture, et lis les routes dans l’ordre que j’ai indiqué 😉
avril 14, 2013 à 6:56
Zelloss
Commencer, et… c’est du key, avec la mascote bizarre habituelle (piko-piko,…). Le héros fait vraiment pensé à un mélange des 2 de Clannad. 🙂
J’ai remarqué qu’à chaque utilisation du « pouvoir », la roue du zodiac tourne…
Ma question est la suivant: dois-je la faire « tourner » le plus rapidement possible ou est-il plus dans mon intérêt de m’en passer dans les moments non-critique?
avril 14, 2013 à 7:26
Sylfer
Un mélange des deux de Clannad ? Du genre Sunohara + Tomoya ? C’est également mon avis !
Alors, la roue qui tourne à gauche de l’écran n’a qu’un but essentiellement esthétique. Elle n’a aucun impact sur le déroulement de l’histoire, donc tu n’as pas besoin d’en tenir compte.
mai 31, 2013 à 9:43
Zelloss
Yop
Juste pour dire que j’ai terminé Rewrite, et que comme d’habitude avec Key, c’est du bon, bien que comme dis plus haut toute les routes ne sont pas égales. Et je confirme qu’il vaut mieux suivre l’ordre conseillé dans l’article pour les routes.
C’était vraiment une histoire passionnante et magique (avec une touche de violence). Tous les arcs étaient intéressants et tragiques (bien que celui de Shizuru manquait de quelque chose comparé aux autres).
Concernant l’arc Moon, j’ai adoré.
Pour Terra, cela répond à pas mal de questions, mais je trouve par contre qu’ils auraient pu faire mieux, cela manquait franchement d’intensité comparé aux arcs normaux. Sur ce dernier point j’ai donc été déçu. La façon dont s’affiche le texte dans cet arc m’a aussi déstabilisé (prend toute l’image).
Je conseille de faire le Fandisc pour ceux qui veulent ne serait-ce que voir la suite de l’arc de Kotomi et sa fin, même sans sous-titre c’est facilement compréhensible après avoir vu l’histoire principale. Les autres arcs sont un peu des délires, dont certains prennent place carrément dans l’univers de « oppai ending ». 🙂
mai 31, 2013 à 10:29
Sylfer
Plop o/
Merci pour ton compte-rendu positif sur le VN, car il le méritait. Heureusement que l’on m’avait conseillé cet ordre de lecture également, car dans le cas contraire, on aurait été vite perdu avec les conflits entre les deux camps.
J’ai aussi trouvé que la route de Shizuru n’était pas à la hauteur du personnage, qu’elle laisse dubitatif. La fin de cette route m’a pas mal secoué quand même, elle était inattendue…!
Oh, pour Terra, je n’ai pas été déçu pour ma part. Mais peut-être ai-je été décontenancé par les détails sur Kotarou qui ne sautaient pas aux yeux tout de suite, donc qui n’étaient pas compréhensibles à moins d’y réfléchir plus sérieusement.
Le format NVL m’avait totalement pris au dépourvu, je croyais que c’était un bug du VN, jusqu’à ce que je me rende compte que c’était fait exprès x)
J’aimerais franchement me lancer dans le fandisc, mais il faut que j’attende la sortie du patch de traduction. Il a l’air d’être bien délirant, d’après les quelques screens que j’avais vus !
août 13, 2013 à 10:13
Rewrite | 過去日記
[…] vous invite à lire plutôt l’article de Mr Sylfer qui est bien plus doué que moi sur les VN ici), je vais tâcher de faire ressentir ce que j’ai pu retirer de chaque route avec mon […]