GrisaiaMain

Fraichement rentré des vacances, j’ai ressenti cette envie de me mettre à un galge que je n’avais pas déjà commencé. J’avais besoin de nouveauté, vous voyez. Ce n’est pas la meilleure chose à faire vu que j’avais déjà un paquet de VNs inachevés à terminer, dont Kira Kira (qui prend un peu la poussière, en attendant…). Naturellement, je n’ai pas écouté cette logique et, comme un vrai rebelle, j’ai jeté mon dévolu sur Grisaia no Kajitsu, dont le patch anglais est sorti il y a quelques mois à peine.

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre personnellement de ce VN de Front Wing qui a vu le jour en 2011, mais les avis que j’avais pu glaner à gauche et à droite semblaient positifs dans l’ensemble. A voir certains résumés, ce VN avait tout du galge parfaitement assumé : un héros masculin entouré de cinq donzelles à séduire, et de rien d’autre. On a écarté tous les élèves inutiles des galge habituels, ces idiots sans visage qui envient le protagoniste trop chanceux auprès des plus belles filles de l’école, pour ne garder que l’essentiel.

Malgré le titre en partie français de l’œuvre (« LE FRUIT DE LA GRISAIA »), qui est décliné dans les deux VNs suivants de la trilogie, Grisaia no Meikyuu – LE LABYRINTHE DE LA GRISAIA – et Grisaia no Rakuen – LE EDEN DE LA GRISAIA – (sic), je me sens le besoin de prévenir qu’aucune allusion n’est vraiment faite à la France. C’est purement stylistique, comme cette référence au « fruit » qui n’a pas d’utilité dans l’histoire.

Que dire, sinon ? Plein de choses, mais pas dans cette introduction !

Je tiens à vous rappeler que des spoils parsèment mon article (surtout dans la présentation des personnages et l’appréciation générale), mais rien de grave qui vous gâcherait irrémédiablement la lecture. Si vous tenez à lire Grisaia no Kajitsu avec seulement à l’esprit les grandes lignes, contentez-vous du synopsis et de ma conclusion !
.

.

DD nagisa

L’Académie Mihama n’est pas un établissement comme les autres. Elle a pour particularité de ne compter que cinq étudiantes, et chacune d’entre elles s’y trouve pour une raison bien personnelle. Leur train de vie est chamboulé quand l’école accueille pour la première fois un élève masculin, Yuuji Kazami, qui ne tardera pas à prendre une place de plus en plus importante dans leur paysage. Si les jeunes filles ont toutes un secret qu’elles gardent jalousement, le nouvel arrivant est loin de faire exception à la règle. Ce dernier découvrira bientôt que la vie ordinaire qu’il espérait à l’Académie Mihama ne sera pas de tout repos…

.

.

DD kyou

MichiruMichiru Matsushima : Michiru est une fille très énergique qui agit comme l’écervelée de la classe. Ses réactions sont souvent disproportionnées, ce qui provoque l’hilarité générale. Avec ses cheveux teints en blond et terminés par des couettes, Michiru aspire à être une tsundere modèle mais ses tentatives sont loin d’être convaincantes. Elle ne se sépare jamais de son sac en forme de requin que lui a fabriqué Sachi et qui contient des bonbons Ramune. Bien qu’elle ait du mal à en boire sans grimacer, cette apprentie tsundere se plait à absorber du jus de citron pour avoir un maximum de vitamine C.

La route de Michiru est celle que j’ai lue en premier. En fait, j’ai la manie de commencer par lire les routes de personnages ne me disant rien qui vaille afin de m’en débarrasser le plus vite possible, comme si j’avalais de force les radis pour n’avoir que de la bonne viande dans l’assiette. Dans le cas qui nous importe, je voyais au départ Michiru avec un brin de mépris étant donné que ni son design ni son caractère ne me plaisaient. J’avais beau savoir qu’elle avait été façonnée pour faire rire, je ne la trouvais pas particulièrement drôle, à part dans quelques situations où, franchement, il faut être un cyborg pour ne pas au moins un sourire. Toujours est-il que mon choix s’est porté sur sa route dans une volonté d’ « élimination », et je m’attendais à une corvée plutôt qu’à une agréable lecture.

Mais si je prends le temps de présenter mes motifs d’origine, c’est que, forcément, ce n’était pas si simple par la suite. Et en effet, la route de Michiru a été une très bonne surprise ! J’ignore si mon scepticisme initial y est pour quelque chose, mais j’ai trouvé sa branche captivante. Les raisons de son excentricité sont expliquées par son passé, par les souffrances qu’elle a dû traverser avant d’atterrir dans l’académie Mihama. Malgré un côté dramatique plutôt exacerbé, ce n’était pas non plus carrément superficiel au point de compromettre le plaisir de la lecture. Personnellement, j’étais à fond dedans. Peut-être suis-je trop sensible par rapport aux thèmes abordés par cette route, c’est possible. D’ailleurs, c’est la seule route de Grisaia no Kajitsu qui frise le paranormal. On pourrait par contre déplorer la grande facilité avec laquelle le scénariste a écarté les autres élèves afin de permettre à Yuuji et à Michiru d’approfondir leurs relations : le stratagème utilisé était beaucoup trop évident, presque caricatural.

En tout cas, ce récit m’a réconcilié avec le personnage de Michiru (à supposer que l’on s’entendait bien à l’origine…) et je ne la considère plus seulement comme une idiote accomplie. En fait, elle est devenue subitement plus adorable, mukiiiiiiiiii !
.

SachiSachi Komine : Sachi est la déléguée de la classe et en tant que telle, elle assume ses responsabilités avec une grande efficacité, allant jusqu’à accomplir des tâches normalement dévolues à une femme de ménage. En ce sens, Sachi est toujours vêtue d’un costume de soubrette quand elle ne porte pas son uniforme scolaire, idée qui lui a été soufflée par ses camarades. Très obéissante et polyvalente, Sachi suit tous les ordres qu’on lui donne sans se poser de question, ce qui peut rapidement dégénérer quand l’ordre est insensé ou interprété d’une mauvaise manière par la « soubrette de l’Académie Mihama ». Sachi a du mal à saisir le second degré et prend souvent les plaisanteries au pied de la lettre. Elle a une passion étrange pour les requins.

Quand j’ai découvert le personnage de Sachi pour la première fois, j’étais plutôt inquiet de ce que je pourrais lire dans sa route. Attendez, une jolie maid qui parle avec une voix bien agréable et qui se plie à tous les ordres, même aux plus extrêmes, ça m’évoquait regrettablement une fille de nukige conditionnée dès l’enfance pour assouvir les désirs les moins purs de l’espèce humaine. Je m’attendais à un passé super trash, une vraie épine dans le moral, mais en fin de compte, je suis content que mes craintes fussent infondées. Bien que le background de Sachi n’ait rien de guilleret, il n’a pas sombré dans les limbes que j’imaginais avec appréhension. A part cela, Sachi est un personnage qui a été sympathique du début jusqu’à la fin. Son obéissance est abusée mais donne lieu à des situations bien poilantes. Plus abusé encore, elle est absolument redoutable dans des domaines très particuliers, comme le domaine militaire (fabriquer un explosif pour pulvériser un verrou est de son ressort…). Il est également difficile de réprimer un sourire devant ses moqueries (?) ironiques (?), sa propension à parler innocemment de choses adultes et son absence de gêne même lorsqu’elle se retrouve en tenue légère. C’est un peu la fille dévergondée malgré elle, et c’est comme ça qu’on l’aime !

La route de Sachi (deuxième que j’ai lue) est assez bonne dans l’ensemble. Les sentiments de Yuuji pour notre soubrette sont plus tendres et directs que dans celle de Michiru, où ils ne sont pas suffisamment exprimés. Du coup, la romance est à mon sens moins torturée et moins complexe. : ça va droit au but. Concernant le scénario lui-même, j’ai eu l’heureuse confirmation qu’il n’allait pas m’emmener dans un coin sombre tout dégueulasse du passé de Sachi, où on me montrerait des tortures corporelles dans le seul but de me choquer à vie. Enfin bon, depuis ma lecture d’ef – a fairy tale of the two, mon cerveau tend à imaginer les pires horreurs qui pourraient expliquer le comportement inhabituel d’une héroïne, histoire de me préparer mentalement à la plume acérée d’un éventuel sadique. Si on en revient à l’intrigue, elle peut être aisément devinée dans ses grandes lignes du fait d’un foreshadowing peu subtil. En outre, les indices laissant entendre le lien spécial entre Sachi et le protagoniste sont à peine voilés, et de ce fait, les conclusions de Yuuji à cet égard ont fait l’effet d’un pétard mouillé. Contrairement à ce que j’ai pu lire à droite et à gauche, le rythme ne m’a pas particulièrement fait tiquer. Certes, il y a tout au long un mélange de scènes slice of life et de passages sérieux, ainsi qu’une nette coupure au 2/3 de la branche, mais tout cela s’est déroulé sans accrocs dans mon esprit.

Bref, j’ai bien aimé la route de Sachi, autant que celle de Michiru. Outre cela, cette jolie fleur a su se ménager une place dans mon classement des soubrettes préférées. Longue vie à Sacchan ! (PS : c’est sa voix attendrissante que j’utilise comme system voice).
.

YumikoYumiko Sakaki : Froide et distante, Yumiko n’est pas une fille qui se laisse facilement approcher, même par ses camarades de longue date. C’est principalement à cause d’elle que son père, à la tête d’une très grande société, a fait construire l’Académie Mihama. Elle a l’habitude d’avoir un cutter à portée de main et n’hésite pas à s’en servir, au grand dam de ceux qui essaieraient de l’importuner. Si Yumiko n’a pas beaucoup d’affinités avec les gens, il en est autrement des livres : elle adore la lecture. Son incapacité à gérer les tâches ménagères est tout à fait à extraordinaire.

Si je suis lassé de voir des tsundere à la longue (celles que Michiru tente vainement d’imiter), je suis en revanche plus disposé à voir apparaitre des yandere et des kuudere. Et en tant que kuudere, Yumiko se débrouille à merveille et a attiré mon attention sans grande difficulté. Avec ses airs de Senjougahara de l’anime Bakemonogatari (Akio Watanabe aux commandes…), cette fille extrêmement agressive se sert de son cutter avec autant de liberté que si elle respirait, et Yuuji est bien le seul du groupe à ne pas en être effrayé. Bien entendu, comme toute kuudere qui se respecte, Yumiko est destinée à se radoucir, à devenir dere dere, et ce faisant, elle est tout simplement… *kyuuuuun*. Ouais, il ne me faut pas grand-chose pour que j’adhère totalement à ce personnage. Comment dire, toute la route a été tissée pour qu’on se fasse attraper dans sa toile, et si certaines personnes ont détesté voir ces panneaux « Hug me, I’m cute » plantés sur la tête de Yumiko, je n’ai pas ressenti la même gêne à écarter mes bras. Bien qu’elle soit assez générique quand on prend deux secondes pour l’analyser, mon cœur a été trop faible pour résister à cette demoiselle. Je suis très facile à satisfaire, apparemment.

Pourtant, Yumiko est clairement le personnage le moins apprécié par les lecteurs du VN, au même titre que sa route. Très franchement, le vrai problème que j’ai pu constater dans cette branche (lue après celle de Sachi), c’est qu’elle soit écrite pour ceux qui affectionnent Yumiko depuis le tronc commun. Les défauts reprochés (entre autres, un manque de tension, un twist peu convaincant, une narration qui traine en longueur) n’ont que peu de force dès que l’héroïne vous touche un tant soit peu. Si elle ne vous fait ni chaud ni froid, c’est mal parti. Mais si comme moi, vous appréciez ce genre de personnage, sa route a des chances de vous plaire : on a droit à des moments tellement suaves que les diabétiques tomberaient dans les pommes. La romance est abordée de manière classique, à tel point que ça tombe dans le déjà-vu, mais ce n’est pas le plus important.

Considérez cette route comme une histoire sans prise de tête, faite pour égayer les fans de kuudere. A mes yeux, Yumiko ne mérite pas cet acharnement qu’on lui voue. Normal, je l’adore grave, cette petite !
.

MakinaMakina Irisu : Insouciante comme tout, Makina se comporte comme une gamine alors qu’elle est à peine plus jeune que ses camarades, avec ses chaussettes dépareillées, son langage vulgaire et ses insinuations douteuses. Comme Amane s’occupe d’elle avec une attention quasi maternelle, Makina la considère comme une grande sœur et préfère rester dans la chambre de celle-ci. En dépit de son immaturité, ses capacités de mémorisation hors norme et sa rapidité d’apprentissage font d’elle un prodige. En règle générale, Makina a du mal à approcher les étrangers, mais des exceptions existent.

Dès l’instant où j’ai reconnu la voix de Tomoe Tamiyasu, la doubleuse de Rin dans LB!, je savais que j’allais aimer la petite Makina à qui elle prêtait sa voix. Et je ne me suis pas trompé ! Makina est une boule d’énergie qui fait des merveilles pour arracher un sourire au lecteur, collaborant étroitement avec la fausse tsundere de l’école. Elle est juste trognonneuh, on a envie de lui pincer les joues et agir comme une Nagisa devant une peluche dango. Ce bout de chou sait réveiller les instincts paternels de protection, et Yuuji en est la preuve vivante (si le lecteur que je suis n’en est pas une…). Comme vous en avez sans doute conscience, il y a une raison derrière l’excentricité puérile de cette fille et sa vie dans cette école spéciale, une raison qui est tout sauf rose bonbon.

Sa route, terminée en avant-dernier, est la plus longue et celle qui tient le plus en haleine derrière le scénario d’Amane. La transition avec le tronc commun se fait tout en douceur, et pour cause, c’est Ryuuta Fujisaki qui a été chargé d’écrire ce tronc et les branches de Makina et d’Amane. Le même humour est donc au rendez-vous, et loin d’être dépaysé, on se demande si on a bien quitté la première partie du VN. Ces moments de complicité entre Yuuji et Makina font chaud au cœur et sont un délice pour le moral tant ils font marrer. Néanmoins, une série de sombres évènements viennent rappeler que le passé n’est jamais loin et que la ceinture doit enfin être accrochée. Non seulement cette route nous expose ce que Makina a dû subir (et franchement, ce n’est pas beau à voir…), les ténèbres entourant sa famille, mais elle a aussi la riche idée de nous éclairer davantage sur le passé de Yuuji lui-même alors que jusqu’à présent, les autres routes ne donnaient qu’un vague aperçu. C’est pour cette raison que je vous déconseille d’aborder les scénarios de Makina et d’Amane en premier, car ce serait gâcher cette révélation progressive de son background. D’ailleurs, Yuuji est plus badass dans cette histoire focalisée sur la gamine aux chaussettes désassorties que dans les autres branches : il égaliserait presque Kenichi de SnK. Je dis « presque », parce qu’il lui manque quelque chose qui le rendrait plus épique, un soupçon de je-ne-sais-quoi qui m’a fait couiner comme une fangirl devant SnK. Les scènes de tension sont malgré tout à la hauteur et m’ont fait parfois oublier de respirer. Comparée aux autres fins, celle de ce récit m’a laissé sur ma faim, sans doute à cause de ce côté aigre-doux qui est d’habitude absent ailleurs. Si vous désirez lire un truc bien dérangeant, je vous conseille de jeter un œil à la bad end : elle est spéciale, pire que celle de Sachi.

En résumé, cette route m’a plu, bien que la fin me laisse un goût amer. Elle est considérée par beaucoup comme étant la meilleure, avec celle d’Amane.

.

AmaneAmane Suou : Amane est l’ainée de la bande et aussi la fille qui a le corps le mieux développé dans les zones « intéressantes ». Cela lui procure un avantage non négligeable lors des négociations avec les vendeurs masculins. Attentionnée, Amane s’occupe de Makina comme une grande sœur, allant jusqu’à l’accueillir dans sa chambre, prendre le bain avec elle et lui faire à manger. Sa famille tenant un restaurant, Amane est un vrai cordon bleu qui ne connait aucune concurrence au sein de l’école. Elle a aussi hérité de sa famille le dialecte de Kansai (kansai-ben), qui resurgit dans sa manière de parler dès qu’elle est troublée. Elle déborde d’affection pour Yuuji et n’a aucun scrupule pour se coller à lui. En partie à cause de cela, ses camarades lui collent gaiement une réputation de femme aux mœurs légères.

Amane est la femme au foyer parfaite. Belle, bien dotée, gentille, douée pour la cuisine et la couture, avec un instinct maternel pointu pour son âge, c’est typiquement une figure féminine irréprochable. Enfin, si on épargne ses blagues salaces, son manque de pudeur étonnant et son attitude audacieuse avec Yuuji… J’aurais volontiers voulu avoir une Oto-nee bis de Da Capo 2 dans ce VN, mais ce sont des personnages complètement différents, notamment du fait de cette perversité chez Amane que l’on peinerait à retrouver chez l’adoratrice d’Otouto-kun. Mais bon, Amane est très bien comme elle, donc ça va.

J’ai lu sa route en dernier, et comme je m’y attendais, une vraie claque m’attendait au tournant. D’abord, le nombre de scènes H dépasse tout ce que j’ai pu voir jusque-là : elles s’enchainent à un rythme effréné, mais quelques-unes sont assez marrantes pour dissuader de rester sur la touche « Ctrl ». Ensuite, le flashback détaillant le passé d’Amane, le fameux « Angelic Howl », est différent de celui des autres routes dans la mesure où il occupe pendant longtemps l’écran. Ce n’est pas la seule différence : pour tout vous avouer, les évènements ayant conduit Amane à résider dans l’Académie Mihama étaient, à titre personnel, très difficiles à lire psychologiquement parlant. J’ai même dû faire une pause durant le flashback afin de reprendre mes esprits, tant j’étouffais sous la pression suscitée par la lecture. Même si on sait pertinemment ce qui va se produire à la toute fin de cette séquence, la tension est telle que l’on est en proie à une certaine inquiétude pour l’Amane du passé. On se retrouve face à des interrogations sur la précarité de la vie humaine, son sens et la faible membrane qui nous sépare des animaux en temps de crise. Après avoir suivi cette aventure, vous ne verrez plus jamais cette joyeuse bombe comme avant. La césure a été si sèche entre la première partie, plutôt olé olé, et ce « souvenir » qu’on est tout simplement estomaqué. Non, franchement, c’est dégueulasse ce qu’elle a vécu. La route d’Amane est par ailleurs l’occasion d’en apprendre davantage sur la défunte sœur de Yuuji, Kazuki Kazami. Décidément, cette dernière n’a pas volé son titre de prodige, au vu de la manière dont elle a agi durant cet évènement particulier qui a dévasté la vie de sa meilleure amie et de son petit frère à jamais. Elle serait du genre à prédire les coups gagnants à une partie d’échec dès le premier déplacement de l’adversaire. C’est franchement dommage qu’on ne la voie pas plus souvent parce qu’elle a un charisme et un design qui écrasent n’importe quel autre personnage du VN. Rien que pour elle, la lecture en vaut la chandelle. Le dénouement de cette route est triste (voire déprimant, selon la sensibilité de chacun) mais c’est quand même une belle fin. Soit dit en passant, la bad end apporte des révélations (et un CG) qui la rendent essentielle pour la pleine compréhension de la route, donc si possible, faites-la avant d’aborder la good end.

Si vous voulez mon avis, je ne regrette pas d’avoir bouclé le VN avec la route d’Amane. Cependant, terminer avec la route de Yumiko aurait peut-être été un choix plus judicieux pour moi, vu que j’aurais clôturé cette expérience sur une note finale moins mélancolique.
.

.

DD Tomoyo

Grisaia no Kajitsu a ce qu’on pourrait appeler un tronc commun mortellement long. Il faut attendre plusieurs heures pour que le premier choix apparaisse. Heureusement, le commencement est loin d’être ennuyeux et on se familiarise avec cette troupe de bras cassés que sont les cinq étudiantes de l’Académie Mihama. Comme tout galge, elles ont chacune un trait spécifique les rendant intéressantes à leurs façons, et elles sont quasiment complémentaires. Aucune n’est laissée à l’abandon tandis que l’une d’entre elles occupe la place centrale : on peut dire que la répartition des temps d’apparition est équilibrée dans ce tronc. Si l’humour n’avait pas été omniprésent durant cette phase d’introduction, j’aurais lutté dans une jungle d’ennui avant de m’écrouler de lassitude. On aurait eu droit à un parcours du combattant où seuls les lecteurs ayant une âme de gladiateur auraient pu survivre, c’est certain. Mais ce désastre n’a pas eu lieu. A la place, on passe notre temps à sourire, si ce n’est rire, devant les prouesses de Michiru en termes de stupidité, la dangereuse agressivité de Yumiko, les réactions lascives d’Amane, l’obéissance étonnante de Sachi et les gamineries de Makina. Cette explosion de couleurs vives se renouvelle chaque jour du tronc commun, sans qu’elles finissent par apparaitre sombres aux yeux d’un lecteur engourdi par tant de frivolités.

Il y a également des choses à dire sur notre personnage principal, Yuuji Kazami, qui est un véritable phénomène à lui tout seul. Son maintien militaire et son expertise dans la science des armes m’ont rappelé un certain Sagara Sousuke de Full Metal Panic, même si en tant que civil, Yuuji est infiniment plus convaincant. Son érudition dans des domaines variés, comme le jardinage, provient pour l’essentiel de ses moments de bouquinage. Il pourrait rivaliser avec Yumiko pour obtenir le titre de rat de bibliothèque. Ce qui rend Yuuji si attractif en tant que héros, c’est son sens de la répartie et son apparente invulnérabilité. On n’a pas affaire au mollasson qui séduit les plus belles filles du lycée grâce à sa gentillesse et sa sincérité : ici, on joue dans la cour des grands. Yuuji aurait pu incarner dans une vie antérieure un protagoniste créé par Loose Boy (scénariste de G-Senjou no Maou, de Sharin no Kuni et d’A Profile) tant il est stylé et badass ! Enfin, ce côté n’apparait vraiment que dans les routes des héroïnes, le tronc commun faisant part belle à son amusante personnalité. Il n’y a qu’à le voir parler à JB, sa supérieure hiérarchique, et Chizuru Tachibana, la principale de l’école : ce gars n’a aucun respect pour ses ainées !

Je donne l’impression de me concentrer surtout sur le héros, mais c’est normal. Sans lui, une grande partie du fun aurait été absent. Il complète chacune des figures féminines du VN comme la pièce manquante d’un puzzle, en vue de leur donner l’opportunité de dévoiler tout leur potentiel. Il y a cependant des routes où il est mieux traité, où sa force est exploitée d’une meilleure façon. Si la route de Michiru ne montre guère que la pointe de l’iceberg, celle de Makina nous dévoile la masse de glace quasiment dans sa globalité. Du fait de sa trop grande qualification, il est très difficile de s’identifier à ce protagoniste et on reste plus spectateur qu’acteur, mais en fin de compte, ça nous change des chiffes molles.

Il y a un détail qui m’a bien fait sourire : en fait, quoique le tronc commun se passe à l’école ou dans le dortoir, on n’a pas l’impression que ce cadre scolaire existe vraiment. On évoque rapidement les cours et les devoirs, mais à part ça, le lien qui se crée entre tous les personnages transcende le simple lien entre étudiants. Ils forment une famille où chaque personne a son rôle à jouer. Je verrais difficilement l’une des filles disparaitre, elles ont toutes leur raison d’être. C’est dire toute l’affection que l’on ressent pour elles. Pour ma part, je me suis énormément attaché à ces demoiselles qui, au cours de leur existence en dehors des murs de l’établissement, ont dû traverser de (très) rudes épreuves.

Cela me conduit à aborder la question des routes. Nous avons en tout cinq routes, celle de Michiru, de Sachi, de Yumiko, de Makina et d’Amane (Ryuuta Fujisaki s’est occupé du tronc commun et des routes de Makina et d’Amane, tandis que les trois autres ont été laissés à Nachi Kio, Yoshikazu Kuwashima et Kazuya). Notez que j’ai lu les routes précisément dans cet ordre, un ordre que je vous conseillerais si vous n’avez pas envie de réfléchir. L’organisation à laquelle appartient Yuuji voit son importance croitre au fil des routes si on suit ce cheminement. Cependant, il faut admettre que l’ordre dans lequel vous lisez les branches de Michiru, Sachi et Yumiko n’est qu’un souci mineur, dans le sens où ça n’a que peu d’effet sur l’appréciation du VN. Par contre, celles de Makina et d’Amane doivent obligatoirement se trouver à la fin. Pourquoi ? Parce qu’elles sont les plus longues et les plus éclairantes sur l’organisation secrète, le passé de Yuuji et sa défunte sœur. Et bien sûr, il y a un fort consensus de la communauté des fans sur le fait que ces deux routes soient les meilleures du VN. Mais mieux vaut terminer avec le scénario de Makina ou d’Amane ? Selon moi, boucler Grisaia no Kajitsu avec l’ending de Makina laisserait une certaine amertume que ne laisserait pas celle d’Amane, laquelle pourrait constituer un point final triste mais touchant pour un tel VN. Mais comme je l’avais dit dans la partie où je présentais mon avis sur Amane, je n’aurais pas été mécontent de poser la fraise finale en faisant la route mignonette de Yumiko, au moins pour alléger le gouffre dans ma poitrine.

Mon classement des routes par préférence (ordre décroissant) : Amane = Yumiko, Makina, Sachi = Michiru.

Mon classement des personnages par préférence (ordre décroissant) : Yumiko = Sachi, Amane, Makina = Michiru.

Sachez que ces classements ont été faits avec pas mal de difficultés, vu que j’ai tout simplement adoré toutes les routes et tous les personnages (JB, Kazuki et Chizuru y compris). Mais comme il faut faire un choix pour éviter de mettre tout le monde sur la même marche du podium, je me suis forcé à trancher mes goûts. Ainsi, le premier du classement ne dépasse qu’un chouïa le dernier dans ma façon de voir.

Notez qu’après avoir achevé une branche, les Extras sont débloqués. Il sera donc possible de réécouter les musiques du VN, de revoir les CG dans la galerie dédiée, les scènes H et non-H (comme dans Da Capo), l’opening et les endings, et d’obtenir les packs de system voice ainsi que des wallpapers et avatars. Avec tout ça, on est plutôt gâté.

A titre indicatif, comptez plus d’une cinquantaine d’heures pour compléter le VN à 100 %, sachant que le tronc commun fait presque dix heures à lui seul.

PS : si jamais vous n’arrivez pas à atteindre les 100 % dans le volet Scene replay, c’est que vous avez omis les Bad end.

.

.

DD Fuuko

Si vous êtes un fan de l’anime Bakemonogatari (je ne parle pas du light novel original, illustré par Vofan), vous avez dû reconnaitre la patte graphique d’Akio Watanabe après un rapide coup d’œil au charadesign de Yumiko. Cette fille ressemble tellement à Senjougahara que ça m’a marqué, et je ne suis pas le seul dans cette situation. Il a aussi pris soin de l’apparence de Michiru, cette fausse tsundere blonde que j’ai fini par apprécier grâce à sa route. Les trois autres ont été confiés à Fumio, dont le style est moins dépaysant dans un galge. Globalement, je préfère ce que fait Fumio dont la qualité est plus constante que les dessins d’Akio, bien que ce dernier ait réalisé selon moi le plus beau CG du VN (l’avant-dernier dans la galerie de Yumiko). J’adhère totalement au charadesign de Sachi, la soubrette d’élite, qui me rappelle fortement le style d’Hiro Suzuhira et qui est mignonne à souhait. C’est d’autant plus vrai lors des scènes où les persos sont en SD (dessinées par Nanakamai), c’est trognon !

Sachichibi

Sachi en sous-vêtements. Parce qu’elle le vaut bien !

Les décors sont impeccables en dépit de leur faible nombre, les CGs sont parfois inégaux qualitativement parlant (surtout sous le crayon d’Akio Watanabe), mais dans l’ensemble, mon pouce est tourné vers le ciel.

Les scènes H, puisqu’il faut les caser quelque part, sont bien réalisées et assez longues, et on en compte trois dans la route de Yumiko, cinq dans celle d’Amane, deux dans celles de Makina et de Michiru et quatre pour Sachi.
.

.

DD Kotomi

Les musiques sont pour la plupart très relaxantes et reflètent la joie de vivre du tronc commun. Elles ne m’ont pas surpris par leur originalité, mais elles ne s’inscrivent pas non plus dans la liste des OSTs facilement oubliables. En fait, sans pour autant être inoubliables, les musiques parviennent à transmettre cette nostalgie qui ne se trouve que dans des VNs dignes de ce nom. Les pistes Want to Smile, Deadlock et Scab font partie des plus mémorables.

L’opening Shuumatsu no Fractal de Faylan est sympathique à écouter, mais aussi à regarder grâce aux animations (modestes mais potables). L’ending de Yumiko, Holographic, est ma favorite, chanté par Riya d’eufonius. Les endings de Michiru (en deux parties), Sachi, Makina et Amane, respectivement Skip (Chata), Just Like Today [Kono Hi no Mama de] (Nana), The Forest of Doubt [Mayoi no Mori] (Hiromi Sato), et Home (Miyuki Hashimoto) sont plaisantes mais ne tiennent pas la comparaison.

Rien de négatif à dire sur le travail des doubleuses : leurs voix collent aux personnages et le jeu d’acteur est sans faille (exception faite pour la capitaine dans le flashback d’Amane). Je tiens quand même à préciser qu’Ai Shimizu a fait du très bon boulot avec Sachi, avec une voix tellement appétissante qu’on en mangerait presque.

.

.

DD Sanae

Grisaia no Kajitsu est un VN qui m’a complètement comblé. Le tronc commun a beau être très long, l’humour omniprésent et bien maitrisé le rend facile à digérer. Les personnages féminins et le héros ont été des compagnons de route absolument géniaux : ils me manquent déjà. Les routes sont variées, il y en a pour tous les goûts, quitte à être décevantes pour certains qui vont préférer l’atmosphère de X par rapport à celle d’Y, etc. Enfin, on ne peut pas plaire à tout le monde, mais moi, toutes les routes m’ont plu. De même, du côté visuel et sonore, all green.

J’attends la sortie du patch anglais pour Grisaia no Meikyuu et Grisaia no Rakuen avec impatience !

PS : une adaptation anime est en préparation, semblerait-il. J’espère qu’elle sera à la hauteur !